Dégustation d’un vieux millésime
J’ai retrouvé une bouteille dans ma cave d’un millésime un peu ancien puisqu’il s’agit d’un 90 (30 ans déjà !) du château Bourgneuf à Pomerol.
Je me souviens bien de l’acquisition de ce flacon car il m’avait fallu presque soudoyer la propriétaire Mme Dominique Vayron pour en avoir 3 … et il m’en reste 2 aujourd’hui.
Le vignoble de Bourgneuf s’étend sur 9 ha d’un seul tenant juste à côté de Trotanoy sur le flan du plateau de Pomerol avec des sols composés d’argiles pures, des sols argilo-sableux et des sols graveleux en fonction de la situation sur le coteau.
Avec un encépagement de 90% Merlot et 10% de Cabernet Franc, ce vin exprime bien le terroir de Pomerol avec, sur certains millésimes, ces notes de truffes incomparables. C’est du moins le souvenir qu’il m’en reste lors d’une dégustation à la propriété il y a plus d’une vingtaine d’années.
J’ai donc pris délicatement cette bouteille que j’ai installée sur l’enfilade de la salle à manger où elle m’attend paisiblement.
Je vais la déboucher ce soir avec déférence en pensant à tous ces souvenirs que je viens d’évoquer, au travail du vigneron, aux transformations de la propriété qui ont eu lieu depuis, et au moment magique de la dégustation à la propriété.
Peut-être sera-t-il passé, que les arômes seront évaporés et qu’il ne restera pas grand-chose, ou alors le moment sera intense avec des notes animales, de cuir, de sous-bois et de champignons.
Pour l’instant, il est enfermé dans sa bouteille que je n’ouvrirai qu’au dernier moment pour ne pas laisser s’échapper l’âme de ce Pomerol.
La dégustation a eu lieu hier soir.
Tout d’abord, le débouchage … avec précaution !
Le bouchon n’était imprégné qu’au 1/10ème ce qui laissait présager une bonne conservation.
Au nez, pas d’odeur particulière.
Mais après 1 heure, des arômes puissants de fruits et de cuir noble enveloppent les narines.
Enfin, la dégustation.
Belle couleur, même pas tuilé. Superbe robe.
Le nez commence à s’exprimer et là … premier contact avec le palais … surprise !!!
30 ans !
Je ne dirai pas quelle jeunesse, mais quelle noblesse !
Cuir et sous-bois sur un tapis de noix du Périgord !
Plaisir fugace, certes. Mais plaisir.
Ce n’est pas la longueur en bouche qui importe (pratiquement inexistante), mais le respect du travail du vigneron qui a permis à cette bouteille de passer 3 décennies avant d’être ouverte et dégustée.
Son caractère gras et soyeux accompagnait parfaitement des paupiettes servies avec une purée de patates douces.
Mais les tanins souples et veloutés s’accommodaient également du plateau de fromages.
J’ai tout de même servi un autre Pomerol beaucoup plus jeune (2013) car sur le Camembert, le Bourgneuf-Vayron 90 n’aurait pas été mis en valeur comme il le méritait et il valait mieux un peu de vigueur pour terminer.