Luigi Moio
Chaque vigne a une histoire, il y a un livre dans un verre de vin !
Le Professeur Moio explique que le vigneron doit avoir une vision de ce qu’il veut faire, où veut-il arriver. Il doit imaginer son vin à tous les instants. De la plantation de la vigne jusqu’à la mise en bouteille, en passant par la taille et la récolte du raisin.
Lors d’une conférence mardi 31 mai 2022 à la Cité du Vin à Bordeaux, Luigi Moio n’a pas parlé que de ses fonctions à l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin, sorte d’ONU du vin dont le siège est à Dijon. Il en est le Président depuis le 12 juillet 2021 et cet organisme regroupe 48 pays producteurs.
Cet esthète – car il aime les belles choses – se doit d’être diplomate avant tout, car dans ses fonctions de Président il n’oublie pas le pouvoir du vin dans les échanges internationaux.
Il se dit avant tout scientifique, mais je le trouve très philosophe dans ses pensées, sa manière de concevoir la vie et, je crois, dans sa façon d’enseigner. Car il est aussi professeur d’œnologie à l’université de Naples.
Ce chercheur invétéré, spécialiste des arômes, a publié plus de 25 ouvrages scientifiques mais a toujours regretté que ses recherches ne soient pas dévoilées au grand public. C’est la raison pour laquelle il a écrit un livre traduit en français sous le titre Le souffle du vin afin de connaître le parfum du vin pour boire avec plus de plaisir.
Le parfum du vin, oui mais à quel moment commence-t-il ?
Pas forcément dans les rangs de vigne, car le grain de raisin n’offre pas toujours la sensation olfactive que l’on pourrait espérer. Ce n’est qu’après la macération alcoolique que les arômes se révèlent pour notre plus grand bonheur.
Il n’existe pas d’autre boisson alcoolisée comparable au vin.
Le vin est avant tout culturel et pour l’apprécier à sa juste valeur il faut un minimum d’éducation que les parents doivent transmettre à leurs enfants.
Depuis 2001, il a créé le Domaine Quintodecimo en Campanie, à environ 80 km au nord-est de Naples et situé sur la crête d’une petite colline à 460 mètres d’altitude.
Voici ce qu’il dit sur le site internet de la propriété :
Le grand vin est une fusion parfaite entre science et poésie, entre le mesurable et l’impondérable. C’est essentiellement beau. C’est une œuvre d’art. Une sorte de transfiguration de la matière première. Il vient du moût comme une statue vient de la pierre et celui qui fait un grand vin est celui qui creuse la pierre, ayant déjà en tête le résultat final. Évidemment, pour ce faire, il doit avoir une base scientifique solide. Il doit maîtriser l’ensemble du cycle, par la possession des connaissances les plus variées, depuis la connaissance du sol, jusqu’à la physiologie du raisin, depuis les processus biochimiques à la base de la transformation du raisin en vin jusqu’aux mécanismes de perception sensorielle. Ces concepts constituent l’essence de ma façon de vivre le vin. C’est avec ces convictions qu’en 2001 ma femme Laura et moi avons fondé Quintodecimo.
Pendant la pandémie de Covid, confiné sur sa propriété, Luigi Moio a eu l’idée de planter 4 cépages emblématiques de Quintodecimo sur une parcelle en contrebas, inspiré par le principe mathématique de la suite de Fibonacci pour former une spirale.
Suite de nombres entiers, chaque terme successif représente la somme des deux termes précédents et le rapport entre deux termes est considéré comme la clé de l’harmonie universelle : 1,61803398…
Plantée en 2019, il faudra attendre 2023 pour que cette parcelle soit en capacité de produire du vin.
Après une séance de dédicace,
Et pour conclure cette belle rencontre, Luigi Moio nous convie à la dégustation d’un vin de Quintodecimo : Terra d’Eclano 2019 – Irpinia D.O.C.
En ce début de soirée, à travers le jardin de la Cité du Vin, nous apercevons le soleil couchant sur le Pont Chaban-Delmas.